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Le maître-mot : MOINS = MIEUX.
Si vous viviez mon aventure dans un véhicule récréatif traditionnel, cette maxime ne serait pas aussi capitale : vous pourriez trainer avec vous une grande partie des objets usuels qu’on trouve normalement dans un appartement.
Par contre, lorsqu’on vit dans une Dodge Caravan 2000 sans sièges arrière, l’espace est beaucoup plus restreint. Environ 7.5 mètres cube, au lieu d’environ 14.5 mètres cubes, pour un véritable « camper ». De plus, il n’y a pas de compartiments intégrés permettant le rangement pratique.
L’espace devient donc LA denrée rare. Une grande solution émerge : notre surconsommation vient beaucoup du fait que nos logements sont trop grands et doivent être rempli de cochonneries inutiles pour ne pas être déprimants.
Revenons à ma Dodge Caravan 2000 sans sièges arrières : il faut uniquement garder l’absolument essentiel. Après quelques semaines de vansterisme, je suis convaincu que toute possession terrestre qui n’est pas incluse dans la liste ci-dessous serait pour moi un luxe grossier et superflu.
Je divise tous les objets que je garde en quelques grandes catégories.
a) Outils pour mon travail
Je veux rester productif. Je ne parle pas de gagner de l’argent et de participer au système. En fait, mon but est de minimiser ça. Lorsque je dis que je veux rester productif, je pense à mes petits projets personnels et au bonheur qu’ils me procurent.
Considérant que je suis cinéaste, artiste-patineur contemporain et producteur pour des projets artistiques, je garde avec moi :
– 2 paires de patins à roulettes
– 2 paires de patins à glace
– 1 ordinateur portable et ses accessoires
– 1 téléphone intelligent (fait office de caméra) et ses accessoires
– Des documents d’affaires
– Des DVDs vierges, des DVDs de mes portfolios
– De la papèterie et des crayons
Vous direz que cet attirail fait de moi quelqu’un de drôlement impliqué dans la machine contre laquelle je peste. Vous avez un peu raison. Mais je veux vraiment continuer à réaliser mes petits projets. En plus de me fournir la petite quantité d’argent dont j’ai besoin pour vivre modestement, ces projets sont vraiment ce que j’aime le plus faire au monde.
Je ne laisse aucun matériel électronique dans ma van. Je ne stationne pas dans les quartiers les plus cossus et j’ai peur des vols. Tout mon attirail « pawnable » fitte dans mon sac-à-dos, perpétuellement greffé sur mes épaules et complètement central dans ce mode de vie.
b) Vêtements
Le strict minimum! Une grande partie de l’humanité vit avec un seul attirail vestimentaire. Nous, riches occidentaux, sommes d’imbéciles tapettes avec nos grandes garde-robes débordantes. C’est l’industrie de la mode qui nous a fait ça. Je garde donc :
– 3 sous-vêtements
– 3 paires de bas
– 3 t-shirts
– 2 pantalons (cargo, noirs, fonctionnent pour les rendez-vous sérieux, la danse, la bicyclette et être assis sur des trottoirs sales.)
– 1 chandail chaud et 1 chemise en flanelle
– 1 très bon imperméable coupe-vent
– 1 pyjama (boxers) et une « combine » pour les nuits froides
– 1 polo (pour les rendez-vous chics)
– 1 chemise (pour les rendez-vous chics)
Avec ce kit, je peux toffer entre 7 et 10 jours sans lavage. L’idée que votre t-shirt est sale après une journée est une coquetterie imaginaire à abandonner dans la société de plus en plus pauvre vers laquelle nous nous dirigeons. Selon moi, tout ça a été inventé par les fabricants de détergent.
Je fais souvent mon lavage chez mon amoureuse, quand je la visite. J’utilise parfois des buanderies. Pas parce que j’en ai vraiment besoin et pas seulement pour utiliser la connexion wifi. Parce que je pense que rares sont les choses plus sexy qu’une petite platelière qui plie son linge dans une buanderie ensoleillée. La modestie a ses propres petits et grands plaisirs…
c) Hygiène
Très important. Il faut vaincre le stigma de l’itinérant puant, du hobo pouilleux…
Je garde donc :
– 1 désodorisant
– 1 savon
– 1 brosse à dent
– 1 tube de dentifrice
– 1 débarbouillette
– 1 serviette (me sert aussi de rideau)
– 1 maillot de bain (pour l’utilisation des bains publics)
– 1 rasoir électrique (utilisable sans eau, en utilisant un rétro-viseur)
– 1 crème anti-fongique, pour l’horrible pied-d’athlète dont la providence ma affublé pour me punir de passer la majorité de ma vie à danser dans des patins qui ne sèchent jamais.
Je garde le désodorisant, la brosse à dents et le dentifrice dans mon sac à dos en permanence.
Je garde le reste de mon kit d’hygiène dans un petit compartiment style « boite à gants » à l’arrière de ma camionnette.
J’écrirai bientôt tout un article sur l’hygiène du vanster.
d) Transport
J’utilise ma camionnette comme un véhicule le moins possible. Je la bouge surtout pour gagner dans le jeu stupide qui oppose la Ville de Montréal et le citoyen dans la collecte de taxes très improductive que la Ville essaie de faire avec ses règles de stationnement farfelues.
Bref, pour mon transport, je garde avec moi :
– 1 paire de patins à roulettes (pas les mêmes que j’utilise pour danser, amenant le total ridicule de mes paires de patins à roulettes à 3)
– 1 bicyclette (10 vitesses de course bien modeste)
Les patins à roulettes sont utiles car ils peuvent être aisément transportés en métro.
La bicyclette est aussi extrêmement pratique pour les déplacements plus longs ou pour éviter de payer le métro. Elle prend beaucoup d’espace dans ma camionnette, mais c’est un sacrifice très payant. Souvent, je la barre à proximité de mon stationnement.
e) Bouffe
Si vous succombez à la tentation de la facilité et mangez toujours dans les restaurants, ce mode de vie va devenir plus couteux que de louer un logement. Je traine donc une petite cuisine portable et des réserves de nourritures. Toute une partie de ce blog parlera de nourriture. Immédiatement, voici ce que je traine avec moi :
– Une tasse en émail-métal incassable.
– Une assiette du même matériel
– Un couteau style « couteau-suisse » avec une fourchette, un couteau, une cuillère et un ouvre-boîte.
– 2 Tupperware
– Une bouteille
– Un petit four au propane, avec 2 ronds
– Un petit contenant métallique servant de poêle
Tout ça, à part le four, fitte dans un gros Tupperware. Je garde aussi une caisse de lait pour garder mes provisions.
f) Loisirs
La radio de ma camionnette et mes outils de travail se transforment facilement en trucs divertissants. Je garde aussi quelques livres.
Finalement, bien peu de choses. Mon travail m’occupe presque du lever au coucher. Le temps restant est utilisé dans le maintien de ce mode de vie assez exigeant, dans des plaisirs simples et contemplatifs, dans l’art de la conversation, dans les hommages que je dois à mon amoureuse et dans la panoplie infinie et gratuite de divertissements culturels (et autres) que la vie urbaine offre. Je l’avoue, une partie de l’argent que j’économise par mon mode de vie est dépensée dans des loisirs dont je discuterai plus dans la partie «Survie psychologique» de ce blog.
g) dormir
J’ai équipé ma camionnette de 3 grands coussins provenant du divan que j’avais dans mon dernier appartement. Collés les uns contre les autres, ils forment une couchette un peu plus étroite qu’un lit simple, mais bien suffisante.
Les coussins peuvent être empilés pour former un petit fauteuil où j’aime bien lire avec ma lampe de poche.
Suspendus au plafond de ma camionnette par un système de cordes Bungees, je garde 2 coussins supplémentaires. Lorsque j’accueille une certaine visiteuse proche de mon cœur, je peux ranger tout mon équipement sur les sièges avant afin de créer l’espace pour monter un espèce de lit double avec tous les coussins.
Je garde un petit kit de literie (drap contour, oreiller, drap, couverture) dont une précieuse catalogne de tissus recyclés et qui a été tissée par ma tante. Cette grosse couverte spéciale a l’avantage d’être chaude quand il fait froid et fraiche quand il fait chaud!
Surtout, j’ai fabriqué des rideaux me permettant de couvrir les fenêtres de ma camionnette. Celles-ci sont teintées et bien discrètes. Les rideaux sont réellement superflus, au niveau de l’intimité. Mais ça me fait du bien de me cacher de la lumière des lampadaires et de ne pas voir les passants.
Je garde aussi un sac-de-couchage et un petit matelas de sol. Ça me permet de camper ailleurs que dans ma camionnette. Lors de quelques nuits froides, j’étais aussi très content d’ajouter le sac-de-couchage à mes couvertes.
h) électricité
Je garde un bloc batterie avec onduleur me permettant de brancher mes cossins comme si j’avais accès à des prises 110 Volts normales. Je charge la batterie quand je vais chez des amis ou dans le manoir rive-sudois de mes parents, où j’ai entreposé mes désormais inutiles possessions terrestres. Le bloc batterie pourrait aussi être chargé dans un café. Pourquoi pas?
Je n’utilise pas la batterie de ma camionnette pour éviter de la décharger. Je la bouge très peu.
Conclusion :
Je ne répèterai jamais assez mon nouveau maître-mot : MOINS = MIEUX.
J’ai commencé mon aventure avec beaucoup plus de matériel. J’ai graduellement épuré et je crois que je continuerais à me débarrasser de choses si je gardais ce mode de vie plus longtemps.
Quand je rentre dans camionnette, que je garde soigneusement en ordre, je peux voir tout ce dont j’ai besoin sans chercher. Rien d’inutile ou de superflu ne m’embrouille. Les mêmes quelques objets sont toujours aux mêmes endroits. Je ressens vraiment une belle liberté à avoir moins de choses à ranger, nettoyer, prendre soin de, chercher, assurer, penser à, etc… On dirait que mes pensées sont plus claires. Je vous conseille vraiment l’expérience, même si vous ne la vivez pas dans une camionnette. MOINS = MIEUX. Et, non, la solution n’est certainement pas au centre d’achat.
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