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Vous connaissez le concept du Gentleman. Le Gentleman est un homme poli, ampoule civil et agréable. Habituellement, medicine il appartient à une classe sociale favorisée et favorisant le développement de ses courtoises habiletés langagières.
Dans un contexte d’effondrement sociétaire, il me semble normal que de nouveaux types sociaux apparaissent. Il y a par exemple le Douchebag et le Banlieusard-TVA.
Du côté exactement opposé du spectre, il y a le Gentlebum…
Le Gentlebum peut provenir de n’importe quelle classe sociale. Dieu bénisse les parents riches, l’Internet ou ce qui reste des programmes de prêts et bourse : le Gentlebum est éduqué. Il a lu les classiques, sait conjuguer le passé simple et pourra causer poliment d’arts, d’environnement, de politique, d’économie… ou de hockey.
Le Gentlebum est pris de nausées à la vue d’une piscine hors-terre, d’un centre d’achat ou d’une émission de télé-réalité. Il a choisi un mode de vie l’éloignant le plus possibles de ces choses si respectées par la grande majorité. C’est donc un marginal.
Mais, attention, le Gentlebum n’est pas un bum pour autant! Il peut correctement participer à n’importe quel évènement social. Il saura efficacement écumer le Village des Valeurs pour se vêtir de l’accoutrement nécessaire pour faire bonne figure à une réception mondaine ou à une remise de prix, par exemple.
Pourtant, il aimerait mieux caller une grosse 50 dans un karaoke de quartier.
Tendre vers le Gentlebum m’aide beaucoup dans mon mode de vie « camionnette ». Par exemple, lorsqu’un de mes amis vend sa propriété vide, il sent que je n’y foutrerai pas la merde s’il me prête les clés en attendant qu’elle soit vendue. Et hop! Un endroit de plus pour prendre ma douche et faire sécher mon jerky!
J’ai un rendez-vous d’affaire avec un client. Et hop! Une barquette de sushis gratuits!
Un ex-collègue organise une fête sur la terrasse de son loft dans un quartier chic de Montréal! Et hop! Une agréable soirée avec rafraichissements gratuits!
Mon travail à la pige et ma petite compagnie me fournissent les moyens et le besoin d’avoir un ordinateur portable et un téléphone intelligent. Et hop! Le gardien de sécurité du gratte-ciel où je m’assois pour squatter les signaux Wifi ne m’a jamais mis à la porte. Il réserve pourtant ce traitement à d’autres types de bums…
Vous crierez au profiteur hypocrite… Vous avez tort.
Premièrement, le Gentlebum ne ment pas. Les gardiens de sécurité du gratte-ciel savent très bien que je suis une anomalie dans cette forteresse du 9 à 5. Mais derrière mon Mac, j’ai l’air tellement inoffensif et « correct », que le risque que je représente est inférieur à l’énergie qu’ils devraient dépenser pour me mettre à la porte. Quand on base un petit plan sur la paresse de travailleurs salariés, on se trompe rarement. C’est probablement un peu comme ça que le 9/11 s’est organisé…
Revenons au Gentlebum, qui lui, n’a aucun plan maléfique. Vous direz « OK, il n’est pas hypocrite. Mais, avec ses douches dans un condo à vendre et ses sushis gratuits, c’est bel et bien un profiteur! ».
Non. Le Gentlebum ne fait pas que recevoir. En fait, il fourni à son entourage une chose devenue très rare dans la parade uniforme que notre monde est devenu. Il crée ce que Hollywood fabrique avec ses milliards de dollars. Il fait vivre la chose que vous cherchiez en cliquant sur le lien Facebook qui menait sur ce blog. Il fournit ce qui a bercé le début des nuits de votre enfance et ce qui colle les gens aux télé-journaux . Il fournit une histoire.
Cette histoire est ce que le Gentlebum a de plus précieux. Ça ne prend aucune place dans une camionnette et c’est ce qu’il donne en échange de ses sushis gratuits et de ses invitations dans des fêtes mondaines.
En à peine un an de vie à l’extérieur du rat-race, vous aurez vécu plus de choses qu’un commis de bureau pendant toute sa vie. Attendez de voir les yeux des gens lorsque vous leur raconterez successivement votre dernier voyage à l’autre bout du monde et les détails de votre petite vie dans une camionnette à Montréal. Au début, ils seront incrédules. Ensuite, ils vous prendront en pitié. Finalement, les plus sophistiqués prendront un réel plaisir à comprendre comment vous vous êtes aussi proprement évadé de la fourmilière. Ça vaut bien une barquette de sushis.
L’art de la discussion devient LE grand atout du Gentlebum. Son honnête présence et ses récits suscitent souvent des débats sur la structure même de notre société. Grâce à la bonne dextérité verbale du Gentlebum, ce débat sera intéressant et restera agréable pour tout le monde. Quand beaucoup de gens passent 6 heures par jour le cerveau éteint et en silence devant la télé, cette petite originalité sauvera des partys où les « vrais » invités auraient peine à garder une conversation vivante. Les moments de silence entre convives peuvent difficilement être meublés avec des histoires de brocheuses et de problèmes de logiciels comptables. Se replier sur l’application Facebook de son Iphone devient tentant… C’est là que le Gentlebum intervient et « paie » ses privilèges. Bien sûr, un Jean-Guy qui parle de hockey ferait tout aussi bien l’affaire… Mais ce Jean-Guy, il n’oserait peut-être pas aller là où le Gentlebum ira…
Maintenant, vous qui pouvez surement aussi être un Gentlebum, à vous de choisir :
La bonne Labatt 50, à 6,50$, au Midway, avec des gens qui dansent de plaisir autour d’un juke-box?
Ou la flute de champagne gratuite dans un loft-party un peu stuck-up?
C’est toujours bien d’avoir le choix. Surtout si vous pouvez piquer un peu de papier de toilette et prendre une petite douche rapide…
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