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Je n’aime pas vraiment les restaurants. Manger en public, dealer avec une serveuse, le bruit… À part quelques fastfoods dont j’apprécie l’authenticité, j’évite les restos quand je le peux. Et, en plus, je n’aurais pas les moyens de manger 3 repas par jour dans des restos.
Voici donc comment je me nourris.
La cuisine portable
Comme j’expliquais, dans la section équipement, je traine une réserve de bouffe et une petite cuisine avec moi. Elle pivote autour d’un four au propane.
Pour moins de 10$ par jour, je mange très bien : repas en cannes, soupes, bons pains, fruits, légumes, tartines, pâtes, couscous, sauces, biscuits et, dernier mais non le moindre : le V8.
Le V8 est super nourrissant. Il peut aussi servir de sauce. Le V8 se garde entre 2 et 3 jours, sans réfrigération. Je me prends à être tenté par l’odeur étrange qu’il dégage, après. Mais mon instinct de conservation me conseille habituellement mieux que ma curiosité et j’évite.
Les cannes peuvent être chauffées directement sur l’élément au propane. IMPORTANT : enlevez l’étiquette en papier, avant. Mangez directement dans la canne, évidemment.
Par opposition aux soupes opaques (comme la délicieuse Chunky au bœuf), les soupes claires (comme la très excellente Habitant Minestrone) laisseront la canne relativement propre, après que vous ayez tout mangé. Vous pourrez ensuite utiliser la canne vide comme un chaudron. Les cannes jaunes Habitant ont un plus gros diamètre et sont parfaites pour une utilisation comme chaudron.
Si vous cuisinez quelque chose de salissant (viande, sauces, œufs, etc), jetez la canne après usage et recommencez le lendemain avec une nouvelle canne vide de soupe claire. Vous évitez ainsi de faire de la vaisselle (qui se fait bien avec du sable, mais ça reste du trouble…). Ça sauve de l’espace, pas de chaudron à traîner. Et ça nous approche du futur où les déchets devront absolument être réutilisés.
Tout est dans la planification : si ce soir, vous voulez manger un ragoût irlandais Puritan (mon préféré! 1$ au Dollarama), pensez à vider une poulet et riz le midi, par exemple.
Le jerky
Les protéines sont importantes dans l’alimentation. 200 milles ans de subsistance par la chasse laissent plus de traces sur nos besoins que le végétarisme, qui reste une infime petite mode, dans la grande histoire de l’homo sapiens.
Donc, quand je parle de protéines, pour ce qui est de mon cas, je parle de vraie bouffe : d’la viande! C’est pas parce que je vis dans une van que je vais devenir un hippie. En tout cas, tant que c’est possible.
Bref, après 5 jours de thon en canne, même la vue de mon ouvre-boîte me levait le cœur. J’ai tout essayé: la sauce BBQ, les câpres, la moutarde. Niet! Trouver une façon de transporter de la vraie viande facilement préparable et ne pouvant pas moisir est devenu une priorité.
La solution, c’est le jerky. Cette viande séchée se conserve jusqu’à une semaine (peut-être même 2), sans être réfrigérée. Une petite douzaine de bâtonnets de bon jerky vont vous repaitre comme un steak.
Le bon vanster sachant se faire un Gentlebum agréable réussira à emprunter un appart vide ici ou à mettre la main sur une cuisine là. Dès que vous aurez accès à un four, rassemblez ces ingrédients :
– 1 kg de bœuf cheap. Genre un rôti ou de la viande à ragoût.
– De la « liquid smoke »
– De l’huile d’olive
– 6 bières
– Des épices ou du poivre
Après, faites ça :
– Coupez la viande en lanières très minces. Faites mariner tous les ingrédients durant quelques heures. Ici, exceptionnellement, « plus c’est mieux ».
– Mettez les lanières sur de la cage à poule (arrachez un bout de clôture quelque part) et mettez la cage à poule dans un plat qui va au four. Les lanières de viande doivent pouvoir dégoûter.
– Au four à 175 degrés. Préchauffez bien le four pour éviter que la viande développe des bactéries pendant le temps où le four est chaud, mais pas assez chaud.
– Buvez les 5,9 bières que vous n’aurez pas mises dans la marinade. Après 2 à 3 heures, sortez le jerky du four. La viande est sèche mais encore savoureuse.
– Paquetez ça dans du foil ou des ziplocs.
Ce kilo de viande va vous fournir une grande partie des protéines que vous voudrez manger durant les prochains jours. Aucune préparation requise! Pour à peu près 10$, vous aurez de la viande qui se mange comme des chips!
Les ramens
30 sous le paquet! Faites chauffer l’eau dans une de vos cannes de soupe vides.
Et laissez aller votre imagination : les ramens doivent être vus comme une base, et non pas comme un repas pré-préparé.
Je garde donc des légumes déshydratés, des graines de bacon, des tomates en dés, etc…
Le Loblaws
Malgré la diversité rendue possible par ces petits trucs culinaires, je me suis vite fatigué du rituel complexe du déploiement de mon four au propane. En plus, quand il pleut, cette solution devient moins pratique, faute d’un endroit sec ou cuisiner et manger.
C’est dans ce contexte que j’ai découvert le deuxième étage des épiceries Loblaws. Il s’y trouve une toilette (raison première de ma découverte), une salle de cours de cuisine et… un four à microondes libre-service!
Depuis cette découverte, je mange une grande partie de mes repas chez Loblaws. J’achète un truc dans l’épicerie et je me le fais chauffer en haut, où quelques tables et chaises me fournissent une salle à manger très correcte. J’y trouve presque toujours La Presse, aussi. Très cool.
Mon alimentation s’est enrichie de la panoplie de repas surgelés disponibles pour environ 1,75$ chacun. Les berlingots de lait frais me redonnent aussi accès à cet aliment qui me manquait depuis que je vivais sans frigidaire.
Le soir, les repas individuels fraichement préparés pour les travailleurs venant acheter leur lunch à l’épicerie se vendent souvent à moitié prix (remarquez l’étiquette rose fluo ajoutée à l’emballage). À 4,00$, je les trouvais trop cher, mais le 50% de rabais en font un bon choix. Ils sont bien meilleurs que les Michelinas.
En bon scout, je laisse toujours l’endroit plus propre que le trouve. Je nettoie ma table et parfois même l’intérieur du four microondes. En parfait Gentlebum, je suis toujours gentil avec les caissières, les emballeurs et le gardien de sécurité qui se tient à l’entrée. Je leur dis « bonjour », « s’il vous plaît », « merci » et « comment ça va? ». J’ai moi-même déjà travaillé dans une épicerie. Je détestais mon travail, comme ces gens détestent surement aussi le leur. Je détestais aussi le patron qui me payait un salaire de misère et faisait des profits ridicules. Lorsque des employés se sentant comme ça comprennent que le gentil client régulier vient en fait surtout pour squatter le four microondes du millionnaire qui les exploite, pensez-vous vraiment qu’ils interviennent?
J’utilise beaucoup le Loblaws des shops Angus, dans Hochelaga-Maisonneuve. Il est ouvert tous les jours de 8h à 22h. Au rez-de-chaussée, un bon cordonnier pourra réparer votre sac à dos pour environ 10$.
La lettre ‘A’ montre ce Loblaws que j’affectionne particulièrement, près d’Hochelag’. Le long des tracks de chemins-de-fer, il y a des industries. Dans les quartiers industriels, il y a moins d’action le soir et pleins de bon spots pour parker sa maison-camionnette. Vous voyez où je veux en venir…